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  • Photo du rédacteurJara

Agnikāma

Ah l'amour... C'est quelque chose de très présent dans les mythologies européennes. Que ce soit

du coté germanique, scandinave, celte, grec ou autre, nous retrouvons souvent ce thème avec certains détails qui interpellent plus que d'autres. Dans la mythologie germano-scandinave, l'une des histoires d'amour les plus connues est celle de Sigurd et de Brynhild. Cette dernière a été maudite par Odin et endormie dans un cercle de flammes. Seul celui qui réussirait à le traverser (Sigurd) pourrait la réveiller. C'est lorsque Sigurd traversa les flammes que débuta l'histoire d'amour. J'insiste sur le détail des flammes car le feu est justement souvent associé à l'amour. Tout comme son rôle cosmogonique, il intervient souvent à la création et à la destruction. C'est le cas ici avec Brynhild et le cercle de flammes qui doit être franchi et qui marque le commencement. Nous connaissons la suite de l'histoire où finalement Sigurd, empoisonné par un philtre d'oubli, épouse finalement Gudrun et, Brynhild épouse Gunnar dont elle croit que celui-ci a également traversé des flammes pour elle (alors qu'il s'agissait toujours de Sigurd). Lorsque Brynhild découvre la vérité, elle fait tuer Sigurd et se tue elle-même sur son bûcher en restant dans les flammes auprès de celui qu'elle aime. Une mort tragique portée par le symbolisme du feu qui termine le cycle. L'amour est né dans les flammes et il pérît dans ces mêmes flammes.


L'association du feu et de l'amour ne date pas de l'âge des vikings. Elle était présente dès les premières traditions indo-européennes. Agni était le dieu védique du feu. Il était vu comme un « dieu qui dévore tout ». Il est dit dans le Veda : « Siégeant dans le cœur, le Feu divin Agni exerce un contrôle sur l'ensemble du psychisme » Il est également dit « Il faut offrir un flan à Agnikāma sur huit tessons quand on obtient pas ce qu'on désire. »

Le terme « kāma » signifit « désir ». Agnikāma veut dire « désir qui est feu ». L'amour et le désir étaient quant à eux, associés à la pensée. Et la pensée fait partie de la triade « pensée/parole/action » que l'on retrouve dans les traditions védiques ainsi que dans l'ensemble des traditions européennes qui ont suivi.


Extrait du Taittirïya Āraņyaka :


« Au commencement cet univers n'était qu'Eaux, n'était qu'Onde. Prajāpati, l'Un était concentré, (flottant) sur une feuille de lotus. A l'intérieur de sa pensée, un désir se développa : Puissé-je laisser couler cette (Onde) ! C'est pourquoi ce qu'un homme entreprend par la pensée, il le dit par la parole, il le fait par l'acte. »


C'est peut-être pour cela que l'amour nous est difficilement silencieux. Le désir de l'exprimer par la parole et d'agir est souvent très fort. Garder un désir amoureux pour soi est cause de douleur et de grandes souffrances.


C'est également ce qui s'est produit dans la légende de Brynhild. Le feu marquant l'amour, il y a eu par la suite serment et acte (par le mariage puis par le meurtre). Même si dans le cas de Brynhild, il y a eu mensonge et tromperie. La triade pensée/parole/action existe également dans le mauvais sens du terme (mauvaise pensée / mauvaise parole / mauvaise action).

(D'ailleurs, *dhrugh signifiait « mensonge, tromperie, illusion » qui donna le terme « draugr » en vieil islandais (mort-vivant). Et *dwerga, si l'on suppose une métathèse entre *dhrewgh et *dhwergh a donné le nom des Nains dans la mythologie nordique.) Mais ceci est une autre histoire...


(Article écrit pour la page FB du Clan Mannaheim)

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