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L'hospitalité

L'une des premières valeurs les plus présentes est bien l'hospitalité. Jamais un homme germano-scandinave ne laissera un étranger dehors. Jamais un invité ne sera mal accueilli. C'est d'ailleurs dès le début du Hávamál que nous trouvons les premiers conseils de Óðinn sur l'hospitalité :

De feu a besoin

Celui qui est entré,

Gelé jusqu'aux genoux ;

De nourriture et de vêtement (sec)

A besoin l'homme

Qui a voyagé par les montagnes.

 

D'eau a besoin

Celui qui vient au festin,

De linge pour se sécher et de cordiale bienvenue,

D'affabilité,

S'il peut en disposer,

Et qu'on se taise quand il parle.[1]

 

L'hospitalité était quelque chose qui allait de soi. L'étranger était accueilli, nourri, logé et surtout, écouté. Il y avait une forme de respect naturel. D'ailleurs dans la strophe 135 du Hávamál, il nous est déconseillé de nous moquer de notre hôte :

Ne raille pas ton hôte

Ni ne le mets à la porte,

Sois secourable au pauvre peuple.[2]

 

Il s'agit de faire preuve de vertu, que d’accueillir chez soi un invité, connu ou inconnu, quelqu'un qui a longuement marché et qui a besoin d'un toit. Cela faisait partie intégrante de leur culture. Et à l'inverse, refuser de faire entrer un étranger ou mal accueillir un invité était quelque chose de très mal vu. Déjà au Ier siècle, lorsqu'il écrivit son témoignage sur les peuples germaniques, Tacite évoquait leur sens de l'hospitalité infaillible : « Aucune autre race d'hommes ne se montre plus généreusement ouverte aux festins et à l'hospitalité : fermer sa porte à un être humain, quel qu'il soit, est considéré comme un acte sacrilège ; entre hôtes on se partage la nourriture, et chacun prépare le repas et reçoit à sa table aussi bien que le lui permet sa fortune. Lorsqu'il n'y a plus rien à manger chez lui, celui qui vous avait ouvert sa porte l'instant d'avant vous indique une maison qui pourra vous donner l'hospitalité, et vous y accompagne ; on entre ainsi chez le voisin le plus direct sans invitation, et personne ne s'en formalise ; on y est reçu avec la même cordialité, que l'on soit connu où inconnu, car en vertu des lois de l'hospitalité personne ne fait de différence. »[3]

Cette règle fondamentale de générosité allait, comme nous l'a indiqué la quatrième strophe du Hávamál, de paire avec l'écoute. Un étranger qui entre, a toujours quelque chose à raconter, et le respect commençait par l'écoute, une vertu indispensable, conseillé par Óðinn.

1Hávamál, strophe 3 et 4, Régis Boyer p. 169

2Régis Boyer, p. 195

3Traduction de Patrick Voisin, 2009

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