Ces dernières années, le nombre de troupes de reconstitution historique est en constante croissance ; plus particulièrement le nombre de troupes spécialisées sur la période du VIIIe / XIe siècle scandinave, c'est à dire l'âge des vikings. Si beaucoup de troupes basées sur cette époque sont moyennement sérieuses quant à l'historicité de leur costume, d'autres en revanche s'appliquent dans la précision des sources et s'efforcent de transmettre au public une image qui se rapproche au plus près de ce que pouvaient être les anciens scandinaves.
Seulement voilà, nous sommes dans « l'image ». Les reconstitueurs historique ont une démarche qui relève de l'esthétique et uniquement de l'esthétique. Pourtant, la majeure partie des troupes de reconstitution « viking » affirme s'intéresser à la vie quotidienne de l'époque et vouloir partager ce mode de vie au public dans une démarche de transmission de connaissance. Or, l'esthétique étant la priorité (reproductions fidèles des costumes, objets et accessoires découverts lors des fouilles archéologiques et absence d'anachronisme) il y a un point qui est très souvent mis à l'écart : l'éthique.
Pourtant la connaissance de l'éthique est un élément essentiel pour crédibiliser l'esthétique. Elle est le point centrale qui permet de comprendre une société et une époque.
Comment prétendre représenter la vie quotidienne d'une époque sans en connaître l'éthique ?
La connaissance de l'éthique passe par l'étude de la religion de l'époque qui, d'ailleurs, n'avait pas de nom et faisait partie de la vie quotidienne. Elle passe par l'étude de la mythologie et, plus que cela, par l'étude de mythologie comparée. L'âge des vikings n'étant pas la période la plus fournie en sources écrites directes, cela passe par l'étude des autres peuples et civilisations qui ont pu avoir une influence. Cela nécessite de revenir aux origines des indo-européens afin de déterminer l'évolution des peuples, des langages, des morales etc... et d'apporter des hypothèses sur le mode de penser de l'époque et du lieu qui nous intéresse.
Bref, contrairement à la recherche de l'esthétique, la recherche de l'éthique demande de la réflexion.
Hélas, cette réflexion manque beaucoup dans le milieu de la reconstitution historique, du moins pour la période de l'âge des vikings. On y voit beaucoup, par exemple, d'événements élitistes qui sont nommées « OFF » et qui demandent une esthétique irréprochable (à la limite parfois de l'incohérence tant certains possèdent des œillères et s'interdisent d'admettre qu'un objet archéologique trouvé dans tel pays aurait également pu être porté dans le pays voisin) mais on y voit très rarement des réflexions pertinentes autour de l'éthique et du mode de pensée de l'époque.
Un paradoxe qui grandit dans le milieu. La reconstitution ne se fait « qu'à moitié » et l'intérêt des reconstitueurs ne se tourne que vers l'aspect visuel (au mieux, l'intérêt et partiellement tourné vers la mythologie). Cela laisse un vide au milieu des costumes sourcés Birka portés par des personnes qui ne connaissent que rarement les pensées du personnage qu'ils interprètent.
C'est tout un pan de l'histoire qui est mis de coté. La reconstitution historique favorise l'apparence et délaisse ce qui faisait l'âme même de l'époque qu'elle essaie de reconstruire.
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